Les artistes sélectionnés - Prix de dessin 2024

Lamia Joreige

Par différents médiums – le dessin, mais aussi la photographie, la vidéo, l’objet ou l’installation – Lamia Joreige traite des liens que nous nourrissons avec l’histoire et de la façon dont ils nous impactent.
À partir de faits réels et historiques, comment créer des formes et des récits ? C’est la question principale que se pose Lamia Joreige, après avoir accumulé quantité de recherches et de lectures, le plus souvent sur le Liban et sa région. Ces dernières années, l’artiste s’est ainsi passionnée pour la constitution de son pays autour de la Première Guerre mondiale. « Les troubles survenus en Syrie pouvant avoir des conséquences sur l’ensemble des territoires voisins, m’ont remémoré cet autre moment de l’histoire où les nations avaient été redessinées et fragmentées », débute-t-elle. Elle se plonge alors dans les mé¬moires du roi Fayçal, qui aurait pu conduire la première monarchie indépendante arabe, avant que ce projet n’échoue. Ou encore, dans les affres de l’immense famine de 1915 due à une invasion de sauterelles, les spéculations diverses ou les blocus maritimes. Puis elle tente de comprendre l’impact, mental et physique, de ces bouleversements sur les populations.
Particulièrement pour sa dernière série Uncertain Times – Faisal’s Dream, Lamia Joreige s’est concen¬trée sur le médium du dessin. Elle l’avait beaucoup pratiqué dans les années 1990, mais s’est autorisée à être davantage dans la figuration. « Face à cette multiplicité d’informations, j’ai éprouvé le besoin de dessiner, afin de demeurer proche, voire d’in¬carner les documents d’origine, poursuit-elle. J’ai également intégré leur traduction à l’oeuvre, comme un témoignage de la force et de l’aura de ces sources historiques. Sans vouloir être trop didactique, je sou¬haitais que le spectateur puisse comprendre ce qui y est mentionné. » Dans de grandes installations, elle peut ensuite mêler ces oeuvres à des photogra¬phies ou autres archives originales. Elle y adjoindra discrètement des éléments de sa légende familiale, jouant toujours de ce lien ténu entre le personnel et le collectif. À travers la mémoire de son arrière-grand-père, elle rend par exemple hommage aux intellectuels de l’époque. Dans le travail se glisse alors cet espace au sein duquel chacun peut s’ap¬proprier une partie des récits, car Lamia Joreige parle globalement de ce qu’elle nomme « le poids du réel ». Elle l’avait précédemment développé dans d’anciennes pièces, où elle abordait des thématiques liées au corps ou à la solitude, à l’anxiété ou à la fini¬tude, face auxquelles nul ne peut être indifférent…
(texte de Marie Maertens).

Uncertain times, Faisal’s Dream 1, 2022

Mixed media on paper
34.5 x 45.5 cm encadré
Courtesy Marfa’ Projects SAL
Collection Florence et Daniel Guerlain 

Uncertain Times – Faisal’s Dream 2, 2022

Mixed media on paper
34.5 x 27 cm encadré
Courtesy Marfa’ Projects SAL
Collection Florence et Daniel Guerlain 

Uncertain Times – Faisal’s Dream 3 2022

Mixed media on paper
34.5 x 25.5 cm encadré
Courtesy Marfa’ Projects SAL
Collection Florence et Daniel Guerlain 

Uncertain Times – Faisal’s Dream 7, 2022

Mixed media on paper
34.5 x 43 cm encadré
Courtesy Marfa’ Projects SAL
Collection Florence et Daniel Guerlain 

Uncertain Times – Faisal’s Dream 8, 2022

Mixed media on paper
34.5 x 25.5 cm encadré
Courtesy Marfa’ Projects SAL
Collection Florence et Daniel Guerlain