L’être humain, envisagé dans une temporalité infinie, est travaillé de manière obsessionnelle, spirituelle, voire quasi-mystique par Amir Nave. L’artiste se demande indéfiniment qui nous sommes et où nous allons.
En suivant le mouvement des figures, ou des « créa¬tures » d’Amir Nave, le spectateur embrasse une partie des passions humaines. Si certaines oeuvres semblent même jouer des classiques de l’histoire de l’art et de la mythologie, Amir Nave se défend de représenter pour autant un quotidien destiné à mieux faire com¬prendre qui nous sommes. À ses débuts, il s’intéressait aux paysages ou aux insectes, en quête de parallèles entre notre espèce et la leur. Puis les formes ont évo¬lué vers les «créatures», faisant appel aux passés les plus enfouis autant qu’aux futurs possibles. Parfois dessinées par un corps, une tête ou une entité, elles vivent et s’activent. «L’être humain est insondable et, en chacun de nous, demeure cette question de l’éternité, dit-il. Dans mon travail, je tente de saisir ce que font ces personnages et vers quoi ils tendent.» Face à ces interrogations d’ordre philosophique et métaphysique, l’artiste rappelle que le fait de résider en Israël, et plus globalement au Moyen-Orient, induit depuis très longtemps une sorte de tension.
C’est d’ailleurs en s’arrêtant longuement au bord du Jourdain, il y a quelques années, qu’Amir Nave a renoué avec ses premières réflexions autour du paysage. Saisi par un sentiment imperceptible, également en lien avec les couleurs et les lumières, il cherche alors à définir l’esthétique d’un lieu saint. Comment témoigner de la qualité de l’air ou d’une beauté saisissante ? Comment attester, plastiquement, du merveilleux ? À l’atelier, où il travaille de manière impulsive et compulsive jusqu’à ce que l’œuvre soit achevée, comme le montre la fougue du trait, ces questionnements se sont enrichis d’autres ouvertures. Il lui a récemment semblé que ses prota¬gonistes avaient désormais un endroit plus paisible où aller. À ses impressions du quotidien, Amir Nave mêle dorénavant une forme de mysticisme des lieux. Face à une agitation et un chaos parfois dominants, il tente de soigner un sentiment général de solitude et de perte de repères. « À travers mes personnages, je me demande ce que nous faisons ici. Mais aussi quelle est la voie la plus juste pour décrire le présent, avant de nous projeter vers le futur, » précise-t-il. Si l’être humain est décrit durement ou crûment – ou peut-être face à une réalité sans concession – il reste toujours une pulsion de vie ou une place dans le monde s’apparentant à la Terre sainte…
(texte de Marie Maertens).
La comédie humaine, 2019
Collage et crayon sur papier
24 x 15.5 cm
Courtesy IN SITU – Fabienne Leclerc
Crédit photo Aurélien Mole
Collection Florence et Daniel Guerlain
People in Flame, 2020-21
Collage et crayon sur papier
51.5 x 28.5 cm
Courtesy IN SITU – Fabienne Leclerc
Crédit photo Aurélien Mole
Collection Florence et Daniel Guerlain
Contact, 2021
Collage et crayon sur papier
29 x 22 cm
Courtesy IN SITU – Fabienne Leclerc
Crédit photo Aurélien Mole
Collection Florence et Daniel Guerlain
Untitled, 2018
Crayon et huile sur papier
35 x 47,5 cm
Courtesy IN SITU – Fabienne Leclerc
Crédit photo Marc Domage
Collection Florence et Daniel Guerlain
Let’s Stop Talking, 2018
Stylo bille sur papier
70,5 x 14,5 cm
Courtesy IN SITU – Fabienne Leclerc
Crédit photo Marc Domage
Collection Florence et Daniel Guerlain