Les artistes sélectionnés - Prix de dessin 2026

Simon Schubert

En parallèle de sa propre technique de papier plié avec laquelle il développe une architecture en constante évolution, Simon Schubert travaille des noirs et des couleurs profondes. Ses feuilles aux blancs éclatants s’exposent aux côtés de pigments très denses, plongeant le spectateur dans un monde qui parle d’absence et d’existence.

Simon Schubert navigue entre la dextérité de feuilles pliées au blanc immaculé et la densité de la poudre graphite. Il y représente le plus souvent des architectures intérieures, de longs couloirs, des escaliers, des portes closes, des rayons de soleil émergeant de fenêtres, totalement exempts de personnages. Il y crée des univers dans lesquels un sentiment de solitude ou d’absence s’impose, où l’espace et la lumière deviennent des sujets en soi. Lors de ses études de sculpture, Simon Schubert a inventé une technique de pliage, créant profondeur et perspective, lui permettant de lier les arts plastiques et son intérêt pour la littérature ou la philosophie. Il est notamment fasciné par Samuel Beckett, et sa pièce Quad, composée de quatre acteurs apparaissant et disparaissant dans un carré, autant que par la construction de ses écrits. « Pour essayer de me connecter d’une certaine manière à Samuel Beckett, de réfléchir à son œuvre et de l’intégrer à la mienne, j’ai souhaité reproduire son visage. Mais j’y ai symbolisé les rides par les plis du papier. Cela me semblait faire écho à sa manière de travailler le langage, poussé quasiment à l’abstraction, voire la disparition. J’ai imaginé un dessin sans crayon, afin que cette technique structure et s’évanouisse dans le blanc. »

Un temps assistant d’un professeur de philosophie, Simon Schubert se passionne pour Gottfried Wilhelm Leibniz puis Gilles Deleuze, et « cette hypothèse d’une réalité, d’un monde replié sur lui-même ». L’artiste nous présente un monde séquencé, fait de travellings avant et arrière. Il isole des pans, construit et déconstruit ses architectures fictives ou réelles. Ses sujets se révèlent similaires, mais plus resserrés, dans ses dessins de graphite noir, où des vues latérales de fenêtres ou d’intérieur semblent renvoyer à Johannes Vermeer ou Vilhelm Hammershøi. Dans ces « presque riens », il laisse l’esprit divaguer vers une vision mélancolique et existentielle de la vie, il fait appel à notre perception et nos projections. « Je cherche à renvoyer à notre imagination, nos souvenirs et à visualiser bien au-delà de ce que nous montre le dessin, afin qu’il en devienne une image plus personnalisée et profonde. » Depuis quelques années, Simon Schubert introduit la couleur, dans une forme d’abstraction boréale aux dominantes de rose pourpre ou de prune. Il qualifie ces œuvres « de miroirs spatiaux », réfléchissant tout autant l’esprit des lieux que les émotions des spectateurs...

texte de Marie Maertens

Portrait de Samuel Beckett, 2023
papier plié, 100 x 70cm.
©Simon Schubert.

Sans titre 2024
(Lumière dans les salles des miroirs)
papier plié, 110 x 130 cm
©Simon Schubert

Sans titre 2025
(Lumière à travers la fenêtre)
graphite sur papier
70 x 50cm.
©Simon Schubert.

Sans titre 2025 (Miroir spatial) pigments et graphite sur papier
150 x 105 cm.
©Simon Schubert.

Sans titre 2023
(Lumière dans les escaliers)
papier plié, 100 x 70 cm.
©Simon Schubert.