Les artistes sélectionnés - Prix de dessin 2026

Renie Spoelstra

Avec de grands formats aux noirs denses et profonds, aux multiples dégradés de gris, Renie Spoelstra plonge son spectateur dans des paysages qui retranscrivent ses sentiments. Montagnes, forêts, nuages, lacs ou rochers deviennent les personnages principaux d’un récit intime et atemporel.

Si elle ne donne jamais d’indication précise sur les lieux qu’elle visite, Renie Spoelstra débute ses voyages par de longues marches et temps d’observation, dont elle enregistre des images (photographies ou vidéos). Des paysages néerlandais à ceux de l’Amérique du Nord, du Canada ou du Pérou, elle laisse naviguer ses propres émotions face à ce qui la regarde. De retour à l’atelier, elle fait des captures d’écran et s’attèle à des formats souvent de grandes dimensions, exclusivement au fusain. Ce travail silencieux et solitaire lui fait retrouver les sensations vécues face aux éléments, les moments de joie ou de résilience. De ces périples découlent de multiples feuilles aux rythmes donnés par la brume se dissipant, l’eau coulant en cascade, l’inclinaison des arbres ou le calme des lacs. Elle précise que le reflet de l’eau lui permet de se connecter à son subconscient. Elle apprécie le lien que l’on peut tisser, dans cette approche spirituelle du paysage, avec son compatriote Piet Mondrian, l’un de ses artistes préférés, notamment pour sa représentation des arbres. « J’aime cette manière de souligner l’espace entre les branches, qui nous apporte la sensation d’être vraiment présents, de pouvoir observer et absorber la nature. L’idée n’est pas de dessiner de façon réaliste, mais plutôt de l’intérieur… de ressentir le végétal puis de le donner à voir de la bonne manière. D’arriver ainsi à l’essence-même du sujet », précise-t-elle.

Conceptuel et dicté par un protocole précis, tout en épousant la tradition classique du fusain, l’œuvre de Renie Spoelstra mêle romantisme et existentialisme. Elle emploie beaucoup les mots « expérience » et « choix », car le travail à l’atelier est aussi celui de la sélection de la bonne image. « Il faut savoir éviter l’écueil d’une esthé tique ou d’une beauté trop immédiate ou trop forte. Le grandiose peut se révéler un piège, comme l’excès de détail… ». Les séries d’un même voyage ont pu se lire dans la lignée de films un peu mystérieux ou angois sants, à la Alfred Hitchcock ou David Lynch, où l’absence totale de personnage permet de se positionner au cœur de la scène. « Ce que je recherche est de saisir un instant et une sensation », conclut Renie Spoelstra. Et aussi… un puissant sentiment d’existence, pourrait-on ajouter.

texte de Marie Maertens

Glacier View
série High Altitude, Peru,
2023
 fusain sur papier, 240 x 350 cm.

©Renie Spoelstra.

Mountains & Angels #4, série High Altitude, Peru
2023
fusain sur papier, 65 x 50 cm.
©Renie Spoelstra

Salt Lake I, série High Altitude, Peru,
2023
fusain sur papier 85 x 158 cm.
©Renie Spoelstra.

Reflected Tree #4, Weeping Willow, série Reflected Trees
2021
 fusain sur papier, 240 x 160 cm.
 Collection privée. 
©Renie Spoelstra.

Remaining Snow, série Iceland
2018, fusain sur papier
 200 x 300 cm
Collection privée. 
©Renie Spoelstra.