Virtuose du dessin depuis toujours, Gideon Kiefer plonge son spectateur dans un monde aux confins de l’onirique et du réel. Parlant de l’enfance, de paysage ou d’histoire de l’art, son atemporalité quelque peu romantique a néanmoins pour but de nous alerter… en douceur, sur la crise écologique.
Gideon Kiefer a toujours dessiné, même fort bien avoue-t-il sans fausse modestie, et appris très jeune l’art de la gravure et de la lithographie. S’il réalise aussi des peintures, sculptures et installations, il revient toujours à ce qu’il nomme « la franchise du dessin ». Produisant beaucoup, des petits ou des grands formats, des œuvres au crayon, au feutre ou à l’aquarelle, en noir et blanc ou en couleur, il y glisse subrepticement des indices sur ce qui l’a construit. Ainsi, son grand-père aimait les peintures anciennes et rapportait de nombreux catalogues des expositions qu’il visitait. Adolescent, Gideon Kiefer passe son temps dans ces livres et se met à aimer particulièrement le surréalisme et Salvador Dalí.
Il ajoute qu’il peut également ressentir les figures tutélaires du Caravage et de Diego Vélasquez derrière son épaule et admet une filiation avec Caspar David Friedrich. Toutes ces réminiscences se mêlent aux clichés de la campagne flamande et de sa maison d’enfance… « J’aime l’idée que les images qui nous ont nourris puissent être fantasmées ou soient malléables, avoue-t-il. Je suis un peu nostalgique, mais je n’hésite pas à transformer le passé. » Qu’elle appartienne au réel ou à l’imaginaire, l’artiste joue sur la minutie particulière de ses représentations, qui laissent toutefois entrevoir l’ensemble de leurs trucages…
Gideon Kiefer va bousculer lui-même ses dessins qui pourraient être si parfaits, en les effaçant ou en ajoutant un autre médium ou des citations.
Il se fait conceptuel quand il s’impose de concevoir une œuvre par jour ou que ses phrases détournent l’attention du trait ou de la couleur. Par ce biais, il espère sensibiliser au réchauffement climatique et arrêter une course folle qui mène à la perte de la planète. Romantique par essence – ses représentations de forêts et de glaciers en sont un témoignage direct – et accordant une grande importance au domaine du rêve, il revient néanmoins à une réalité et un futur potentiel, qu’il dévoile par ellipse. Avec par exemple la figure de l’oiseau que l’on retrouve souvent. Elle lui rappelle que l’animal est le descendant des dinosaures et se révèle, par conséquent, le signe d’une civilisation agonisante. Le monde de Gideon Kiefer semble calme. Ses tonalités sont douces et apaisées, son geste est posé, mais la tempête n’est jamais très loin...
Paysage Fautif :
Nature Morte, 9 avril 2013,
crayon, gouache et stylo à bille sur une couverture de livre, 18 x 25 cm.
©Gideon Kiefer.
The Content is Still a Dog Whistle,
18 août 2017,
crayon, gouache, stylo, marqueur permanent, peinture acrylique et encre de Chine sur une couverture de livre,
26,5 x 34 cm.
©Gideon Kiefer.
Economy of Ghosts,
15 décembre 2014,
crayon, gouache et encre de Chine
sur une couverture de livre
27 x 17,5 cm.
©Gideon Kiefer.
Dire
28 septembre 2017,
crayon, gouache, stylo à bille, stylo, peinture acrylique, marqueur Stabilo, marqueur permanent Sharpie et encre de Chine sur la couverture d'un livre.
26,5 x 34 cm
© Gideon Kiefer.